L’accélération sociale de l’information

Mercredi, ouvrant mon compte Facebook j’écris ceci : « Réveillé par un combat de chat à 3h16 du matin….tssss. » Quelques mots simples, sans entrer dans le détail et pourtant un constat me frappe. Cette anecdote,  qui est habituellement destinée à animer les soirées entre amis, exagérant évidemment le fond et la forme pour faire rire et détendre a été balancée en pâture. Sans âme.

Vous avez déjà remarqué autour de vous cette nouvelle expression : « oui tu l’as mis sur Facebook. » lorsqu’un de vos amis commence à expliquer une de ses aventures ou un voyage. Je constate autour de moi, presque plus personne ne parle de ses choses futiles qui font la vie, ses moments brefs, mais combien même amusant,  qui remplissent les soirées entre amis ou en famille. Tout ou presque est déjà sur Facebook. Photos, ruptures, moment de plaisir, soirée etc…Bref notre vie privée, autrefois racontée en OFF,  est exhibé sans âme sur le réseau social.

Attention, non pas que je descende de mon cocotier et vient de découvrir la vie sur Facebook, cela fait longtemps que c’est ainsi. Mais, ce que je constate est l’accélération du comportement des personnes autour du « personal offline ». Tout est livré en feeds, sans avoir le bonheur d’avoir été raconté la plupart du temps. Les histoires se perdent dans le sens de l’accélération. Il faut écrire tout de suite ce que l’on fait, pour son réseau. 5min sur son Iphone ? 2 min derrière son écran ? Chaque instant est un prétexte à l’exposition. Mais après ? Une fois que tout a été dit ? Nous n’avons plus rien à dire à ceux qui nous entoure. Car, ils le savent déjà. Alors,  ils écoutent poliment ce que vous racontez. Occupant l’espace temps de l’ennuie. Mais ils savent déjà. Certain, peu diplomate vous coupe immédiatement en vous disant la fameuse phrase après le premier paragraphe de votre histoire. « Oui je l’ai vu sur Facebook. » Comme s’il a été le privilégié de l’information avenir, le VIP de vie perso au contraire des autres qui n’ont eu le temps de vous lire.  Finalement, nous n’avons plus rien à nous dire en vrai.

Tout doit aller vite, l’information doit être donnée, mais pas le temps de l’expliquer. Une heure de retard est le maximum acceptable, sinon vous êtes laissés sur le côté de la route. Personne ne prend le temps de comprendre, le brut l’emporte sur l’esprit et la réflexion. La consommation est le nouveau mot d’ordre de nos vies. Nous devons être au courant de tout, même si c’est faux. L’affaire Patrick Sébastien invité au mariage de Kate et William est un exemple. Ecrit en grosse lettre dans TéléStar le Lundi, elle sera démentie timidement le mardi sur internet. Mais, pour la majorité des gens, Sébastien est invité au mariage. Alors que non. Le démenti est dans l’oubli, le papier gagne par son sérieux. Le digitale reste marginale, car trop rapide. Recouverte par une autre information, noyer par une autre brève buzz people sans importance, mais vitale pour nos discussions quotidiennes.

Je le constate dans mon activité. J’ai débuté lentement,  avec un billet quotidien sur mon blog, puis j’ai contribué à cette accélération de l’information en augmentant le nombre de ma production journalière, pour ma propre satisfaction ? Je ne sais pas vraiment. Mais cette information en 2009 n’est plus la même en 2011. Celui qui garde pour lui l’info est un loser désormais. Je comprends que les informations doivent être analysées, décryptées à la vitesse d’une Formule 1 à Monza. Il faut réagir vite, mais l’information brute, inutile et vide de sens reste privilégiée. Le coup du « j’ai vu sur un site l’affaire du mini-kers de Red Bull aujourd’hui », alors que je l’avais largement couvert la veille est représentatif des comportements. Les lecteurs sont perdus dans le flux de l’information. Cela va trop vite pour eux aussi et le dernier qui parle à gagner pour eux. La prime est rarement au premier dans ses conditions là. C’est bizarre.

Notre tolérance à la patience médiatique n’a plus de sens aujourd’hui. Nous voulons tout, tout de suite, comme des gamins trop gâtés. Nous voulons savoir ce que font nos amis, avant d’attendre qu’il nous le raconte. Nous voulons avoir la dernière information et l’explication qui va avec dans l’heure qui suit la publication. Nous souhaitons croire le storytelling que nous lisons, alors qu’il est faux mais inaudible. Vite vite vite mais,  le virage ? Nous sommes en ligne droite constante. Reste que lorsqu’un virage arrive à proximité, le crash n’est pas loin. Et, souvent la déception, le sentiment de trahison l’emporte. Du genre : « Téléstar m’a déçue sur ce coup là. » ou encore « je ne comprends pas ce que veux dire Marc par « âge d’or – déclin. » Ou encore le fameux « LOL » sur les réseaux sociaux,  qui ressemble de plus en plus à un « ma pauvre ou mon pauvre…tu es nul. »

Reste la grande question : que ce passera-t’il si l’on ralentit? Certain estime que le premier qui ralentit, a gagné. Mais, je pense qu’il est trop tard. Si vous ralentissez aujourd’hui vous êtes mort. Mais, pourquoi ne pas temporiser de temps en temps. Le monde a besoin de respirer, il fait beau, chaud, le printemps est déjà là. Utopie totale, car dès Lundi la semaine mythomane de certain continuera, tandis que le sifflement des balles traçantes de l’information vont continuer à siffler de plus belle. Cumulant BUZZ inutile et des story’s que tout le monde aura oubliée 24h après.

Paradoxe d’une information qui est de plus en plus rapide et qui doit être de plus en plus expliquée. Mais vite, sans tarder. Il existe une demande, marginale encore. Mais elle existe et tendra à se développer de plus en plus. Nous entrons dans une nouvelle ère. Toutefois….

Nous ne sommes pas loin d’une hernie mentale…

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