Le papier comme marque augmentée

Curieux paradoxe la semaine dernière. Le site internet d’information Rue89, récemment racheté par le Nouvel Observateur, a annoncé arrêter la parution de son mensuel papier au profit d’une stratégie sur tablette, plus prometteuse, selon l’analyse du site français. Alors que dans le même temps, l’éditeur de comics Marvel tente une innovation en fusionnant le papier et la technologie numérique.

Rue89 Le mensuel a été la première tentative en France de reverse publishing, d’un média internet vers le papier. Dès le départ le pari était risqué, mais le succès a été rencontré (19.000 exemplaires en moyenne). Pourtant les coûts pour l’améliorer étaient jugés trop importants et l’arrêt de l’aventure annoncé comme une nouvelle stratégie. Il est à penser que la vérité se cache derrière le rachat du Nouvel Observateur pour 7,5 millions d’euros en fin d’année dernière. Peu importe la raison. Le choix est dommageable à l’heure où la majorité des médias internet d’informations cherchent un modèle économique. A l’avenir, Rue89 va se concentrer sur une série d’application pour IPad et probablement une série d’Ebook (nouvelle mode). Le mensuel aura permis d’établir une marque durablement dans le temps.

Pourtant le papier ne semble pas mort et son avenir semble se conjuguer avec sa numérisation passive.

L’éditeur de Comics (Bande dessinée) Marvel (Spiderman, IronMan, X-men) a présenté il y a 10 jours son programme en deux temps pour rendre plus dans l’air du temps ses outils papiers et entrer enfin dans l’ère du numérique. La première annonce est d’utiliser la technologie de réalité augmentée, sous forme d’une application smartphone qu’il suffira de placer devant une case de BD, ou une image même, pour voir s’afficher à l’écran du contenu exclusif : Making of de l’image, analyse de l’auteur, courte séquence en 3D par exemple. Un complément devant mettre en valeur la page imprimée.

Mais Marvel a été plus loin dans son concept. Présentant Infinite Marvel, sorte de contenus exclusivement digitaux sous la forme de séquence bonus à coupler à un épisode précis. Ce qui permettra, par exemple, de présenter des séquences clés d’une histoire vues de l’œil d’un personnage précis. Cela changera l’expérience de lecture.

Ses applications sont gratuites pour ceux qui achètent la BD version papier, grâce à un code placé à l’intérieur de l’ouvrage qui sera emballé pour l’occasion.

Je me souviens qu’en 2009, l’essayiste Jacques Attali avait lancé le premier Hyper Livre, doté du principe du tag et devant offrir une complémentarité dans la lecture via le smartphone. Une expérience qui n’a pas été renouvelée à cause de son coût important. Toutefois, sachant que le papier deviendra un produit coûteux, autant le rendre séduisant et proposer une expérience nouvelle. En cela, l’initiative de Marvel est des plus intéressantes et offre des perspectives novatrices dans l’édition.

Paradoxe entre Rue89 qui abandonne un produit papier ayant permis de confirmer une marque, mais sans avoir de perspectives de vente suffisante pour viser la masse (la masse étant le seul élément devant justifier des prix de vente de la publicité), et Marvel qui mise sur la réalité augmentée pour justifier un prix de vente déjà important et éviter l’érosion de ses ventes depuis 5 ans.

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