La post-vérité


Prenons l’exemple de la réaction de Donald Trump lors de la crise Covid-19 sur Twitter en Avril 2020 : « Libérez la Virginie et sauvez votre formidable 2ème amendement, il est assiégé. » ou « Libérez le Michigan ! ». Le désormais ex-président exhorte le 2ème amendement de la constitution américaine comme argument pour lutter contre le virus. Le rapport entre le droit de porter une arme, créer des milices pour contribuer à la sécurité des Etats-Unis et contrer un virus ?
Une interprétation narrative.
Pourtant, il est estimé aux Etats-Unis, que le virus et ses remèdes sont des atteintes à la liberté, car les magasins, entreprises ne voulaient pas fermer boutique.
Les Tweets étaient un message de soutien ?

Récemment, des citations de hauts responsables nazis sont largement exposé sur les réseaux sociaux. Sauf qu’elles sont fausses. En d’autres temps, que ce soit une citation d’un dirigeants nazis ou même le fait de prendre les armes contre un virus n’aurait pas été pris au sérieux.
Mais nous pensons désormais autrement.
Nous admettons que des éléments peuvent être falsifié (la forme) et nous détournons le fond, en le considérant comme authentique, car il répond à nos réactions. Pour le cas des citations Nazis, la forme (c’est-à-dire le fait d’exposer une citation d’un dirigeant nazi) a moins d’importance que les mots (donc la citation).

Nous comprenons instinctivement que cette narration ne relate pas des faits, mais véhicule un message. Nous ne nous positionnons pas face aux faits, mais face au message et surtout au niveau de notre compréhension.

Cette interprétation est une évolution du Storytelling. Nous ne cherchons plus à raconter des histoires, car il n’est plus nécessaire de convaincre. Le Storytelling post-vérité s’adresse à notre façon d’interpréter un message, en devenant complice.

L’inondation de zone (et comment reconnaître une Fake News)

A l’heure du confinement, l’environnement est propice à répandre de fausses infirmations. Nous vivons dans un écosystème médiatique qui submerge les gens d’informations.

Certaines de ces informations sont exactes, certaines sont fausses et une grande partie est intentionnellement trompeuse.
La raison derrière cette fabrique de fausses informations tire d’un constat venant en droite ligne de nos pratiques depuis quelques années sur les réseaux sociaux : Nous consommons.

Pour beaucoup de gens, consommer ce type d’informations n’est pas exactement un déni de vérité en tant que tel. C’est plutôt une lassitude croissante face au processus de recherche de la vérité. Et cette lassitude conduit de plus en plus de personnes à abandonner l’idée que la vérité est connaissable. En cela un climat sceptique quant à la possibilité de trouver la vérité s’installe.

La majorité de la désinformation visuelle à laquelle les gens sont exposés implique des formes de tromperie très simple. Une technique courante consiste à recycler d’anciennes photographies et vidéos pour les présenter comme preuves d’événements récents. Cette forme de désinformation peut être particulièrement dangereuse, car les images sont un outil puissant pour influencer l’opinion populaire et promouvoir de fausses croyances. La recherche psychologique a montré que les gens sont plus susceptibles de croire à des déclarations anecdotiques vraies et fausses, telles que « les tortues sont sourdes», lorsqu’elles sont présentées à côté (ou sur une image). Une image = un like ou un partage.

Idem pour les vidéos vous dévoilant un secret. Une information que l’on vous cache, que des politiques vous cachent et que tout ceci provient d’une force capitaliste qui a une mission secrète. Une sorte de RSE du mal. Ce type de vidéo débute par une vérité que vous pouvez vous-même vérifier sur internet, souvent via un article d’un média réputé et étranger (traduire c’est dur). Puis ensuite vous dire que ce n’est pas un complot, que tout est vrai, mais le ton change, le débit de la voix est accéléré et insistant lorsqu’il faut aborder le cœur du propos. Qui lui est manipulé. Sachez que lorsque l’on ment, notre regard est moins fixe et notre débit de voix est différent. Le but de ce type de vidéo n’a pas un but de vendre une idéologie ou une vision de l’avenir obscure. Non. L’objectif est de convaincre les gens que la vérité est inconnaissable et que le seul choix judicieux est de suivre sa propre image de soi. Celle du leader qui est en toi.

En communication cela s’appelle une « inondation de zone ». Une course au contenu, le besoin de clics, exploitant notre faiblesse à l’immédiateté et renforçant l’image de confiance que nous avons auprès de nos amis sur les réseaux sociaux.

Leçon de management par José Mourinho

L’éviction de José Mourinho, coach de Manchester United, juste avant le Boxing Day, montre l’état profond d’un symbole qui peine à se renouveler.

La carrière du Spécial One est une carrière en deux temps. Une première phase, dans l’aspiration de sa première ligue des champions avec le FC Porto et la seconde après le Real Madrid. Dans un premier temps, l’homme a été l’incarnation de la révolution. Nouvelle méthode d’entrainement, d’échauffement, de management et la culture de la gagne et de la confiance en soi à tout les niveaux. L’homme, sur de lui, arrivait en costume au bord du terrain et l’ensemble devenait soudainement obsolète

Puis l’homme est devenu le personnage de la relance. Mourinho n’est pas devenue la caricature de ce qu’il était. Il répondait à une logique court terme du résultat. La culture de la gagne à l’image de notre société d’aujourd’hui : Tout et tout de suite.  Champion d’Italie avec l’Inter Milan en 2010, Champion d’Espagne avec le Real Madrid en 2012, champion d’Angleterre avec Chelsea en 2015. Particularité : à chaque seconde saison, le titre est remporté.

Sauf que la culture de la gagne est un ressort qui peut être usé sur 18 mois environ, mais pas sur le long terme. Tout le monde fait des efforts (ou crois en faire), mais la pression est toujours là. Donné par l’entraineur. Au point qu’il se met une pression lui-même plus forte et qu’il la transmet à ses joueurs. La déshumanisation absolue imposée dans le silence et l’aversion auprès de l’entraineur. La période n’est plus dans l’échange, mais dans la contrainte. Et le ressort casse.

Notons qu’après le passage du portugais, Chelsea a remporté son unique ligue des champions et le Real Madrid a enchainé les titres dans la compétition européenne. Avec d’autres personnalités d’entraineurs plus empathiques.  Le Spécial One met en place, instille une culture, obtient les résultats à court terme, mais n’est plus l’homme pour faire durer. L’homme de l’après.  Il s’est enfermé dans cette image de l’entraineur payé hors de prix, mais qui n’aura une durée de vie que de deux saisons.

La structure des films Marvel

Après avoir fait une soirée Thor (Thor, Le monde des ténèbres et Ragnarok), un détail m’a sauté aux yeux : la structure des films et la structure de la trilogie en elle-même. La même pour chacun des films Marvel depuis 10 ans.

Depuis Iron Man sorti en 2008, jusqu’au dernier Ant Man et la Guèpe, l’ensemble des films Marvel ont une impression de déjà vue. C’est une critique que l’on retrouve assez souvent du côté de la Maison des Idées. Elle est d’ailleurs montrée comme un axe du déclin. Toutefois, le succès tiens aujourd’hui sur le charisme des acteurs et leurs histoires indépendantes.

via GIPHY

Les premiers opus n’ont que 2 méchants, souvent un qui cache l’autre. Ce premier numéro est une initiation et une découverte de son nouveau soi. Le second opus présente 3 méchants. Un représentant le passée, l’autre le présent et un autre illustrant le futur. Ce deuxième film a pour thème la confrontation d’une nouvelle réalité suite à une série de désastre personnel. Enfin le troisième opus présente 4 méchants. Le premier va résoudre le problème contre le deuxième, ce deuxième antagoniste étant le plus important de l’histoire apparait deux fois. Enfin le 3ème est un leurre et le 4ème est souvent un faux adversaire. Cette illustration représente dans ce troisième film la fin d’un monde pour le personnage et l’ouverture vers un avenir obscure.

  • 1er opus : 2 méchants (1 qui cache l’autre)
  • 2ème opus : 3 méchants (1 du passée, 1 du présent et 1 du futur)
  • 3ème opus : 4 méchants (le premier qui va tuer le deuxième, un troisième qui cache le quatrième est sera un allié).

La structure des Avengers est assez similaire. Les trois opus représentent le point d’orgue de chaque phase. Le premier numéro de 2012 est aussi une découverte d’une équipe et d’un ensemble. Le second (2015) illustre assez bien la notion d’une nouvelle réalité et le désastre du groupe avenir. Enfin le dernier (2018), présente la fin du monde tel que nous l’avons connu.

via GIPHY

Les troisièmes opus d’Iron Man, Captain America et Thor avec les 4 méchants sont une représentation des 4 cavaliers de l’Apocalypse. L’apocalypse étant illustrée par Thanos. La fin de Thor Ragnarok en était la parfaite illustration.

Leçon de management : Sortir du chemin critique

Depuis que j’ai développé ma petite carrière de dirigeant de club, j’ai côtoyé nombreux entraîneurs et directions de club. L’occasion de divulguer quelques leçons que j’ai apprise sur le terrain depuis 7 ans.

La période de Juin est souvent associée à celle du changement pour une équipe. Un nouvel entraîneur vient prendre ses nouvelles responsabilités et découvrir son nouveau collectif. Mais très souvent il se passe le même acte de la pièce de théâtre : la partie ou, subtilement ou non, il a tendance à critiquer son prédécesseur. Le fameux « cela va changer », qui alors qu’il s’annonce comme une perspective d’évolution, est en réalité une critique non constructive. En fait, cette critique lui permet de vanter son propre potentiel et ainsi promettre un monde meilleur à sa nouvelle équipe et même à ses nouveaux dirigeants. Derrière cela, cette attitude sert son égo en se présentant comme le sauveur d’une situation, qui naturellement, ne pouvait pas être satisfaisante avant son arrivée à la tête de l’équipe, vu que le coach précédent est parti.

Tout étant toujours dans les détails en matière de communication, la manière dont un nouvel entraîneur traite son prédécesseur en dit davantage sur le premier que sur le second. Mais attention, s’il fait preuve de classe, il révèle qu’il est intègre et prendra des décisions en fonction de critères non pas émotionnels, mais objectifs.
Plus important, il montre qu’il ne se nourrit pas de l’échec (virtuel ou réel) des autres mais de sa propre réussite et qu’il à la volonté de montrer ses qualités par ses actes et non par des OFF de coulisse ou dans l’autocongratulation mal placé.

Ce que j’ai remarqué sur une poignée d’entraîneur est que leur message sur l’esprit d’équipe qu’ils entendent cultiver est un double message :

• Ceux qui critiquent pour vanter leurs propres mérites relèvent d’une manœuvre classique et il faut y être insensible. Le meilleur moyen de servir l’intérêt d’un collectif sportif est d’améliorer ses performances et non être médisant en détruisant psychologiquement l’autre.
• Un détail très important est que si un entraîneur critique son prédécesseur, c’est aussi le travail décisionnaire de son club qu’il remet indirectement en cause. Et oui un club et son organisation est solidaire dans les bons comme dans les mauvais moments. On gagne ensemble et on perd aussi ensemble.

Les bons entraîneurs sont capables d’injecter leur ADN dans l’équipe. Non pas en faisant table rase, mais ayant à l’esprit que cela peut améliorer l’efficacité du collectif. Chacun dispose de son passée et la démarche est de construire sur l’expérience et non pas en détruisant celle des autres. L’erreur de la plupart des entraîneurs moyens est qu’ils ont tendance à oublier qu’une équipe est une évolution continue par détail et non pas un chantier nouveau auquel il faut refaire les fondations à chaque fois qu’un changement s’opère. Surtout si les résultats ont été visible la saison précédente.

Enfin, la posture est l’aspect le plus important pour un nouvel entraîneur découvrant son équipe : Son comportement dans les premières minutes et de son intégration est toujours décisif. A la fois lors de sa présentation, que lors de son premier entrainement. Vous avez le droit d’être stressé (surtout si vous débutez à ce poste par exemple), mais si vous avez préparé votre discours et votre séance et que vous ne donnez pas l’impression de vous imposer d’une manière ou d’une autre. Vous avez gagné la première partie.
La seconde sera d’obtenir les résultats.